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Choix de la méthode d’évaluation

Dossier du mois – Newsletter Transmission juillet 2024

Transmission d’entreprises

Choix de la méthode d’évaluation des entreprises

L’évaluation des entreprises n’est pas une science exacte, ce qui est logique puisqu’il s’agit d’une science humaine.

En fait, Le choix de la méthode d’évaluation d’une entreprise dépend de plusieurs critères qui varient selon le contexte et l’objectif de l’évaluation.

Ainsi, lorsqu’il s’agit de donner à l’Administration une base de calcul des droits ou impôts à payer (en cas de donation, succession, etc.), certains pourraient être tentés de minimiser la valeur de l’entreprise en avantageant les méthodes patrimoniales. Ils ne seraient alors pas à l’abri d’un redressement futur …

En revanche, pour une valorisation en vue d’une cession, l’évaluateur cherchera plutôt à maximiser la valeur en employant des multiples ou des méthodes par les flux ou mixtes.

Enfin, si la raison de l’évaluation est une augmentation de capital, tout dépendra des circonstances (plus la valeur de l’entreprise est basse, plus il y aura d’investisseurs potentiels, mais plus les actionnaires actuels seront lésés, et vice versa) ; dans le cas d’une fusion, il faudra tenir compte des rapports de force, de la volonté des parties à s’entendre…

Comment choisir ? Quels sont éléments à prendre en compte :

1- Le type d’entreprise : Les méthodes d’évaluation peuvent varier selon le secteur d’activité, la taille et la structure de l’entreprise. Par exemple, une entreprise technologique pourrait nécessiter des méthodes différentes par rapport à une entreprise industrielle traditionnelle.

2- Le but de l’évaluation : L’objectif de l’évaluation peut influencer le choix de la méthode. S’agit-il d’une fusion/acquisition, d’une levée de fonds, d’une succession, d’une cession d’entreprise, d’une évaluation fiscale, ou d’une entrée en bourse ? Chaque cas peut nécessiter une approche différente.

3- La disponibilité des données financières : Les méthodes d’évaluation peuvent exiger des niveaux différents de détails financiers. Certaines méthodes, comme les flux de trésorerie actualisés (DCF), nécessitent des prévisions financières précises, tandis que d’autres, comme les multiples de marché, s’appuient sur des données publiques ou des comparaisons d’entreprises.

4- Les risques et incertitudes : Certaines entreprises présentent plus d’incertitudes ou de risques, ce qui peut influer sur la méthode choisie. Des entreprises en phase de démarrage ou en croissance rapide pourraient être évaluées différemment d’entreprises matures.

5- Durée et coût de l’évaluation : Certaines méthodes peuvent prendre plus de temps à mettre en œuvre, ce qui peut être un facteur si l’évaluation doit être réalisée rapidement. Par ailleurs, la complexité de la méthode peut avoir une incidence sur la durée et donc le coût de l’évaluation.

6- Les normes et pratiques locales** : Les méthodes d’évaluation peuvent également être influencées par les normes comptables, les pratiques locales, et les exigences légales ou réglementaires.

Les méthodes d’évaluation couramment utilisées comprennent le DCF, les comparables du marché, la méthode des actifs nets, la méthode des bénéfices futurs, et les méthodes basées sur les multiples de marché. Le choix final dépendra de la combinaison des critères ci-dessus et de l’expertise disponible pour effectuer l’évaluation.

D’autres éléments peuvent aussi influencer le choix de la méthode d’évaluation ou la combinaison de méthodes :

  • les valeurs intrinsèques des actifs réels de l’entreprise, du résultat de référence, du taux de risque, de la cohérence du la tendance des données observées dans le temps, des retraitements à effectuer,
  • des effets de synergie et autres économies d’échelle, dans le cas d’une acquisition envisagée par un groupe par exemple,
  • la référence au marché, qu’il s’agisse des transactions récentes effectuées d’entreprises comparables, d’opérations internes récentes (cessions entre associés, augmentations de capital, successions, donations …).

Les holdings et les entreprises liquidées ne valent que leur actif net réel, les premières ne détenant des titres d’autres sociétés que pour réaliser des plus-values et recevoir des dividendes, elles n’ont donc aucune activité industrielle ou commerciale, tandis que les secondes cessent leur activité.

Enfin, chaque évaluation et chaque entreprise sont des cas particuliers, et rien n’empêche de créer des méthodes d’évaluation spécifiques, soit complètement nouvelles, soit combinant entre elles des méthodes existantes.

 

Nos conseils :

Tout l’enjeu de la valorisation consiste à trouver un rapprochement entre les méthodes patrimoniales et des flux actualisés, qui constitue souvent le point d’équilibre entre l’acheteur et le vendeur. La valeur estimée n’est pas le prix de cession, mais elle sera généralement une base cohérente de négociation.

Cependant, l’acheteur devrait éviter les deux erreurs classiques que commettent quelquefois les repreneurs :

1- rogner sur les dépenses de conseil. La phase de valorisation peut paraître superflue au négociateur-né, certain de parvenir à « son » juste prix. Et pour peu qu’il ait des compétences financières, il peut être tenté de mener lui-même la valorisation. Ce serait négliger le volet psychologique du dossier. Que ce soit dans la phase d’évaluation initiale ou dans celle des dues diligences, qui viennent ajuster le prix, le cédant peut vivre difficilement les vérifications que lui impose le repreneur. Or, réalisées par un professionnel, les dues diligences sont mieux « subies ». Notre conseil est donc de ne pas hésiter à dépenser un peu plus à cette étape. L’expérience des experts et leurs conseils seront un atout pour le repreneur, tout comme pour le cédant.

2- sous-estimer la part de l’humain. En effet, le climat social, l’ancienneté et l’implication du personnel, sa capacité d’acceptation d’un nouveau dirigeant et celle de collaborer avec lui, l’organisation de l’entreprise sont des clés dont l’impact est considérable dans l’évaluation. La rencontre du repreneur potentiel avec les « hommes-clés » et le management de l’entreprise ne peut se faire après la signature.

 

Par Jean-Luc SCEMAMA,

Président des Comités Transmission du CROEC Paris le de France et Evaluation Transmission au CNO

 

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